Politique

RDC : Crise à l’assemblée nationale, une session plénière historique convoquée pour examiner la destitution de cinq membres du bureau dont Vital Kamerhe

Alors que la session budgétaire s’ouvre à peine, une onde de choc parcourt l’hémicycle. Des pétitions réclamant la révocation de hauts responsables, dont le président de l’Assemblée lui-même, menacent de bouleverser l’équilibre des pouvoirs et plongent l’institution dans une crise sans précédent.

En sa qualité de premier vice-président, Jean-Claude Isaac Tshilumbayi a convoqué ce mercredi 17 septembre une séance plénière cruciale à l’Assemblée nationale. L’ordre du jour, aussi brûlant qu’inédit, porte sur l’examen de pétitions exigeant la destitution de cinq des sept membres du bureau de l’Assemblée, parmi lesquels figure en tête le président Vital Kamerhe . Seuls Tshilumbayi et Christophe Mboso N’Kodia Pwanga, le deuxième vice-président, semblent avoir été épargnés par cette motion de défiance.

Déposées le 15 septembre, jour inaugural de la session budgétairedédiée aux lois de finances, ces réquisitions ont été formellement remises au cabinet de Tshilumbayi par un huissier de justice, accompagné des pétitionnaires. Cette procédure solennelle souligne la gravité de l’accusation et le respect strict du cadre légal.

L’objectif central de cette plénière d’exception est la mise en place d’une commission spéciale et temporaire. Celle-ci sera chargée d’instruire le dossier, en évaluant scrupuleusement la recevabilité des pétitions déposées contre les cinq personnalités visées : Vital Kamerhe , Président de l’Assemblée nationale ; Jacques Djoli , Rapporteur ; Dominique Munongo , Rapporteure adjointe ; Chimène Polipoli , Questeure ; Grâce Neema , Questeure adjointe

Conformément au règlement intérieur de l’institution, cette commission ad hoc sera composée de manière à représenter tous les sensibilités de l’hémicycle, avec un délégué désigné par chaque groupe parlementaire. Son mandat est clair : mener un examen approfondi et impartial des griefs formulés, puis soumettre son rapport conclusif au bureau de l’Assemblée.

La suite du processus démocratique est tout aussi codifiée : le rapport de la commission fera l’objet d’un débat public en séance plénière. Ultime étape, le sort des cinq hauts fonctionnaires sera scellé par un vote à bulletin secret , où les députés décideront, pour chacun d’eux, du maintien ou de la déchéance de leur mandat au sein du bureau.

Cette convocation place l’Assemblée nationale face à un test de maturité politique majeur. Elle démontre la vitalité, mais aussi les tensions internes, qui animent la chambre basse du Parlement congolais. La procédure engagée, bien que conflictuelle, s’inscrit dans le strict cadre des mécanismes démocratiques prévus par la loi, témoignant d’une possible résilience institutionnelle.

Alors que la République Démocratique du Congo navigue des eaux économiques et politiques complexes, cette tentative de révolution par le haut au sein de sa principale institution législative marque un moment décisif. Entre règlement de comptes politique et légitime exercice de contrôle, l’issue de ce processus, scrutée par toute la nation, pourrait redéfinir les rapports de force et installer une nouvelle ère de redevabilité au cœur même de l’État de droit. Le verdict des urnes parlementaires, attendu dans les prochains jours, dira si l’Assemblée nationale a choisi la continuité ou la rupture.

Franklin MIGABO

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